Jigé, un artiste roubaisien à l’univers coloré farfelu

Julien Gaquère aka Jigé (en référence à ses initiales) est un artiste originaire de Roubaix déjà bien connu sur la métropole lilloise. On t’emmène dans son univers très coloré et un peu farfelu pour te raconter son parcours !
L’ennui : une source d’inspiration
Après un BTS commerce, Julien change complètement de direction en s’inscrivant à la fac de Lille 3 en théâtre. Cette voie, comme son BTS commerce, ne suscitera pas de vocation chez lui non plus malheureusement. S'ennuyant profondément en cours, il commence à dessiner sur ses cahiers comme nombre d’étudiants. Mais Jigé a son propre style et crée un univers qu’il développe au fil des années.
Finalement, après deux années de théâtre, Julien arrête les études et devient vendeur chez Café Coton, puis Volkswagen ou encore Le Temps des Cerises. Mais les chemises, les voitures et les jeans, ça ne le fait pas vibrer, du moins pas autant que le dessin. Pendant 5 ans, il continuera alors de dessiner et de construire son univers à côté de son travail.
Puis un jour, en 2015, il participa à sa première braderie de l’art à Roubaix. C’est alors la première fois qu’il montre son travail au grand public. En seulement un quart d'heure, toutes ses œuvres sont vendues. C’est à ce moment-là qu’il se rend compte que son style plaît au public et que sa vie artistique prend un tournant.
Le grand saut
Trois ans plus tard, en 2018, Jigé vit désormais de son art. Il décide alors de démissionner de son travail actuel pour se consacrer à temps plein à sa passion : la peinture. Il rejoint dans un premier temps les ateliers Jouret, situés à Roubaix, qui deviendront son espace de travail. Il est dorénavant dans un atelier partagé, un véritable laboratoire de recherche, dans lequel il peut explorer de nouvelles techniques comme la sculpture et laisser libre court à sa créativité.
Cette vie d’artiste lui va comme un gant. Sans patron, sans horaires, sans la contrainte de devoir aller au travail tous les jours... Car oui, son travail, Jigé ne le considère pas comme tel. Peindre, dessiner, c’est un plaisir ne lui donnant pas l’impression de travailler, mais plus de s’amuser.
À 33 ans, Jigé ne veut pas d’une vie toute tracée, parfaitement cadrée, une vie “matricée” comme il dit. Il l’a essayée cette vie, ça ne lui a pas plu, mais comme il dit, il fallait l’essayer pour se rendre compte que ça ne lui convenait pas. Lui, ce qu’il veut c’est sortir de la matrice, sortir de ce moule et c’est ce qu’il a réussi à faire en prenant son envol en tant qu’artiste.
Cependant, il aime tout de même garder un rythme, une certaine rigueur, une discipline. Il se lève tôt pour être efficace dans la matinée et avancer sur ses commandes clients, puis l’après-midi, il se consacre aux arts plastiques et se laisse la possibilité de faire ce qu’il a envie.
Un univers curieux
Tu ne peux être indifférent à l’art coloré de Jigé. Tout commence avec l’écriture automatique (mode d'écriture dans lequel n'interviennent ni la conscience ni la volonté) qui lui permet de se laisser porter par son imagination.
Son univers imaginaire est composé de dessins d’accumulation qui prennent vie une fois la couleur ajoutée. Il met en scène d’étranges personnages entremêlés à des objets et des formes créant ainsi une sorte de mini-récit. C’est lorsqu’il se retrouve seul dans son univers que sa créativité est à son apogée.
Jigé s’applique beaucoup, ce qui explique qu’il produise peu : une dizaine de toiles par an sachant qu’une œuvre équivaut en général à 100 heures de travail. En effet, il produit le dessin rapidement, mais peut mettre plusieurs semaines avant de trouver cet équilibre unique de couleurs et de contours étant nécessaires à l’aboutissement de ses œuvres.
Jigé adore échanger avec ses clients. C’est notamment dû à sa formation de commercial. Lorsqu’on lui passe commande, il aime prendre le temps de se rendre chez le client, de discuter avec lui, de savoir ce qu’il aime, de réfléchir à l’endroit où sera accrochée la toile… Après ce premier rendez-vous, il se laisse un délai d’un an entre le moment où la commande est passée et le moment où celle-ci est livrée. Il tient d’ailleurs à ce qu’une fois la toile terminée, il aille lui-même l’accrocher chez le client. C’est un moment particulièrement important compte-tenu du temps passé sur le tableau.
Jigé reçoit beaucoup de commandes. Cependant, il souhaite ralentir le rythme pendant quelques temps afin de pouvoir se consacrer à l’évolution de son style, cherchant à décliner son univers. Il en profite pour marier les projets de grande ampleur avec les commandes clients et la recherche. Il s’est aussi mis récemment à la sculpture et souhaite s’offrir du temps pour faire de la recherche. Le temps qu’il réussit à libérer, il l’utilise aussi pour passer plus de temps avec sa petite fille.
Jigé feat Solid'Art
Du 4 au 6 juin prochain, Jigé participera à la 7ème édition de Solid'art. Organisé par le Secours Populaire, ce salon solidaire d’art contemporain se déroule à l’hôtel de ville à Lille. 120 artistes exposeront leurs œuvres pendant 3 jours sur 3000m². Cette année les fonds récoltés grâce à la vente des œuvres permettront aux enfants défavorisés de partir en vacances. Pour l’occasion, Jigé a réalisé une dizaine d'œuvres allant de 75 à 7000€. Il n’y aura pas que de la peinture, mais aussi de la sculpture, de la sérigraphie ou encore de l’aquarelle. Ces œuvres-là sont le résumé de l’année de recherche passée dans son “laboratoire”.
Laissez un commentaire